Chez Ann
Demeulemeester, la roue tourne lentement. A partir de cette année, la jolie formule qu’Ann avait elle même concocté : créer à travers elle pour habiller les autres se trouve légèrement modifiée. C’est Sebastien Meunier, longtemps responsable de sa ligne
homme qui est chargé de cette douce tâche. Et il là remplit à merveille.
Ici, la forme prend
son origine sur un corps mis à nus. C’est la coupe du vêtement qui nous a
particulièrement époustouflé. Une coupe apparemment normale mais qui le devient
nettement moins à y regarder de plus près. Vêtement mouvants,
il n’est pas rare qu’un pantalon se révèle
au dernier moment être
jupe, qu’une veste se détache en plusieurs strates ou qu’une chemise se décompose
totalement.
Aux tissus précieux, purs et sophistiquées correspond
une humilité rare, un
romantisme édulcoré
par une touche « funereal » grunge. Sebastien Meunier, en référence aux travaux de Robert
Rauschenberg et Louise Bourgeois, joue
avec la transparence, les superpositions, le noir, le blanc, un peu de rose
poudré et de
bleu layette, faisant de ce
défilé un enchantement poétique japonisant.
La légèreté va bien à Ann Demeulemeester, chez qui le détail remplace l’ostentatoire.
Un grunge à prendre à la légère donc…
Le couvent des Cordeliers à Paris dans le 6ème arrondissement. Un lieu à la mesure du défilé.